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6 juillet 2008

retour à la case départ

. Retour à la case départ une bonne semaine d'interruption dans la tenue de ce blog, dont ce sera la dernière page d'ailleurs. A Luang Prabang, j'apprends par la toile informatique que la Parque tissait, elle, à toute vitesse les fils des derniers mois, les dernières semaines, les derniers jours d'un parent. Perplexité et spéculation. Mois ou jours? Pas de réponse claire. Rejoindre BKK, régler en passant le pb de l'arnaque, modifier mon billet Etihad. Voici un des scénarios possibles. Mais il en est plein d'autres, selon la réalité de la situation en France. Devant la multiplicité des possibilités et face aux multiples contraintes logistiques, j'opte finalement, sans trop réfléchir pour un départ en bus de nuit sur Ventiane, la capitale, mieux desservie: possibilités de l'avion et du train de nuit. Dernier marché de nuit à Luang Prabang IMAG0001 IMAG0002 Le bus est normal, c'est à dire luxueux par rapport aux autres véhicules qui débarquent à la gare routière. Vétustes, crasseux, boueux, chargés à bloc, c'est par leur galerie qu'ils impressionnent le plus: on y perche par mètres cubes cartons ou caisses et jusqu'à des collections de scooters. Autant dire tout de suite que le machin doit s'agiter dans tous les sens et se traîner misérablement sur les routes de montagne qui constituent le réseau routier local. Notre bus, visiblement racheté d'occase aux chinois, n'embarque qu'un seul scooter et encore discrètement, en soute, laquelle, accessible depuis l'intérieur du bus, est concue comme un espace à part entière: véritable chambre de poupée, avec porte intérieure et fenêtres à rideaux, on s'y tient presque debout. Accueil VIP oblige, on nous offre une petite bouteille d'eau, pendant qu'on vérifie pour la troisième fois notre ticket. Quelques visages familiers dans la troupe (beaucoup de québécois), et un couple américain, la quarantaine dodue et barbue, genre thésards ou chercheurs en fac. Il faut les voir préparer minutieusement leur nuit: un petit étui pour les masques, un pour toi, un pour moi. Un petit sac, pour l'appuie-tête gonflable: monsieur gonfle celui de madame. Va-t-elle oser s'écarter de son chéri et prendre la banquette voisine afin que chacun puisse prendre ses aises sur 2 sièges? Il faudra quelques kilomètres pour vaincre leur circonspection. Ça y est, c'est fait. Oh, oui, on est mieux comme ça, la position est parfaite, on ne change rien. Ah si, peut-être. Troisième petit sac pour en extraire un superbe coussin gonflable, lequel viendra caler moelleusement leur reins. Bonne nuit, chéri, bonne nuit, chérie. Ont-ils dormi, je l'ignore. Si leur sac a dos contient autant d'accessoires pour toutes les éventualités du voyage, leur maison portative doit avoisiner les 40 kg, et alors c'est sûr, ils ont dormi du sommeil du juste. Enfin, j'en doute quand même, car le traitement VIP comportait une option obligatoire et contre laquelle de trop timides remarques ne feront rien, LA MUSIQUE, laotienne -pas désagréable en soi-, en boucle et A FOND durant tout le trajet. Surréel. Plus déconnecté de toute logique, de toute sensibilité, de toute délicatesse, c'est dur, mais ça existe, je l'ai connu au Mexique par exemple, et là-bas la musique est salement plus crispante. Il paraît que c'est pour éviter que le chauffeur ne s'endorme. Bon à 30 à l'heure (280 km en 10 h), où est le danger? En tout cas les passagers eux dorment très mal... Vientiane. La capitale. Même pas comparable à une sous-préfecture de nos latitudes. Un urbanisme moderne limpidement orthogonal, un patchwork d'architectures hétéroclites, et un calme de chez calme digne d'une bourgade hors saison. Le tout poussiéreux, usé, passé. Le vol de retour: ici personne dans les agences ne connaît Etihad Airlines qui ne se pose qu'à BKK. Au tel, leur standardiste à BKK me dit, pour changer le billet, de passer voir... une agence. Le dragon se mord la queue. Il reste la possibilité de filer à la gare routière, de réserver un billet pour un bus allant jusqu'à la frontière, là-bas de réserver un train de nuit pour BKK et une fois à l'aéroport sur les 6 h du mat, de tenter de changer mon billet pour le vol du jour avec un départ à 9h05. Si le vol est plein, je reste une journée, le temps nécessaire à restituer le bijou de l'arnaque contre remboursement de 300€. Tout est à flux tendu !!! Et je ne sais toujours pas si en France l'urgence est absolue et si cette agitation logistique qui tire un trait sur mes vacances asiatiques a quelque sens. Finalement, j'opte pour la simplification et le confort. Je lâche 1000$ pour un départ le soir même de Vientiane et une arrivée le lendemain 7h du mat à CdG. Fait. Dans la précipitation, je ne pense même pas à prendre un AR, ignorant tout de la durée de mon séjour en France. Vientiane se laisse parcourir sans surprise pour le touriste. Un temple ou deux, un palais, un hôpital banal, des commerces fades. IMAG0009 IMAG0011 IMAG0022 Mais aussi une ambassade US copiée sur Fort Knox (seuls les criminels et les voleurs ont vraiment peur de leurs confrères), un shopping center moderne avec clim poussée, prix élevés, et toujours cette musique à fond. Pour m'amuser, je fais l'expérience de parler normalement en m'adressant à un guichet de banque. La fille est absolument incapable de m'entendre. Test réussi, au revoir mademoiselle. Et bien sûr quelques rares traces d'une présence française, dont cette récente deuche à air "climatisé". IMAG0006 IMAG0023 Juste à côté, mon plus beau marché, authentique et hors du temps: des vêtements partout, tables murs plafonds allées. On se faufile tels des enfants dans une labyrinthique garde-robe géante, écartant chemises, tee-shirts et pantalons pour se frayer un passage le long de corridors dont on redécouvre à chaque trouée la rectitude majestueusement infinie, Babylone de tissu, avec des portes d'etoffe qui donnent invariablement sur une nouvelle niche étrangement identique. Onirique et troublant. IMAG0013 IMAG0014 Autre étage, autre rêve: ici que des châles et des lés de tissu pour confectionner les jupes traditionnelles. Comme au-dessus, des échoppes par dizaines, de dimension et d'agencement quasi semblables, et quel ordonnancement impeccable de ces rectangles souples sur les étals, de ces drapés sur les parois. Du regret de ne pas être une femme devant l'harmonie des couleurs et la profusion des motifs élégants. Ou de l'envie de les avoir toutes dans cette bonbonnière en soie habitée par un harem de femmes de tous âges, bavardant, mangeant, jouant au cartes, dormant à même le sol, souriant, rêvant. Avant-dernières saveurs orientales avec LE restaurant chinois incontournable. Une incroyable cantine prise d'assaut sur les midis par les employés voisins. Les semaines d'acclimatation à la crasse ambiante ont bien eu raison de mes réticences initiales. Je rigole en m'asseyant dans ce bouge infâme sur lequel je n'aurais pas même porté un regard 15 jours plus tôt. Leur spécialité est à base de porc, mais j'ai trop envie de fraicheur et je me rabats sur un classique plat de rouleaux de printemps en profitant de l'ambiance Le dernier repas sera à la tombée de la nuit, dans une des multiples baraques sur pilotis qui bordent le Mékong. IMAG0026 Une bière et une soupe, le temps de voir le coucher de soleil glisser sur le fleuve pour disparaître en Thaïlande. Je marche les 3 km qui me séparent de l'aéroport. Là-bas des personnes rôdent dans la nuit, avec un sac plastique au bout d'un bâton qu'elle agitent au ras du gazon. C'est l'anti-mouches usuel pour les étals de viande et de poisson, mais ici le but est d'attraper des sauterelles qui termineront comme friture vendue bon prix au marché. Strip-tease partiel devant l'aéroport pour troquer la sueur et les tongs contre des vêtements propres et idoines, ce qui amuse gentiment la sécurité: je doute que nos cerbères hexagonaux aient même cette bienveillance chez nous. BKK airport: une heure pour la correspondance. Je change mes derniers bahts et des milliers de kips contre quelques maigres euros. Il est temps d'y aller. L'aéroport me semble infini, les couloirs n'en finissent pas. Où est donc ce terminal F ? Impression de déjà-vu ici. Pas possible, j'ai fait un tour complet, j'ai réussi à me perdre avec ce fléchage ambigu. Je commence à être salement à la bourre et je n'ai aucune idée de la distance encore à parcourir. Le stress monte. Enfin les douanes et les rayons, je me rapproche. On m'arrête. Help, c'est un coup à rater l'avion. La fille n'est pas très prolixe, moi pas très coopérant. Elle en veut à ma crème solaire. Je l'imagine en train d'en prélever un échantillon pour examen chimique. Je ne suis pas sorti d'ici et encore moins monté dans l'avion... Fausse panique, elle veut simplement ensacher le tube. Chacun ses lubies. Il doit bien y avoir une raison, mais elle m'échappe un peu. Que peut-il importer à des douaniers que le tube risque de fuir? Mystère. Contrôle des billets en salle d'attente: l'hôtesse me désigne catégoriquement à un gaillard Thaï qui se met à ausculter mon passe-port sous toutes les coutures. "- Que faisiez-vous à Vientiane? - Du tourisme. Comme tout le monde, je suppose". La désinvolture ne calme pas le molosse qui s'équipe de lampe, rayon et loupe pour scanner mes papiers. Un freluquet très coquet prend le relai et commence l'interrogatoire en français. J'envoie un peu chier ce compatriote en lui demandant qui il est. Il reste évasif en lâchant un vague "immigration" et j'insiste de nouveau sur les présentations. Entre temps, mon passeport, validé, m'est rendu. Le frenchie, en fait très sympa, s'explique enfin. Il est délégué par notre ministère de l'intérieur, pour lutter contre l'immigration clandestine en France depuis Bangkok. Le Thaïlande est une plaque tournante pour plein de trafics, dont ceux des faux-papiers et de l'émigration associée (ou vice-versa). Ils travaillent à partir des listings des compagnies aériennes pour repérer les noms connus, les parcours suspects et les billets achetés en liquide et peu de temps avant le départ. Ils m'attendaient donc. Thaï airways. J'embarque. Dans l'avion, mon voisin me montre ses plans pour fuir la France et l'économie en vrac que l'on nous cache encore (même si le simple petit observateur des médias alternatifs que je suis sait depuis 2 ans qu'il y aura la récession que l'on commence timidement à nous présenter): une immeuble de boutiques pour 120.000€ amorti en 3 ans grâce aux loyers; un hôtel de bungalows -à raser et reconstruire- pour vivre en pacha, lui, sa femme, .... et sa maîtresse Thaï qui l'attend. Paris 7.05. Fin du périple asiatique.
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